Je ne voudrais pas qu'ils nous entendent...

Sombres brillances, baissez d'un ton, végétations épaisses, coupez votre souffle, individus livides, cessez de respirer. Plissez bien les yeux pour distinguer au loin les ombres grandissantes, aux doigts pourvus de griffes acérées et meurtrières. Ne faites pas de bruit, ils pourraient en profiter pour se glisser parmi vous et se fondre au sein de votre inconscient. Ne les laissez pas penser comme ils l'entendent, pas au sein de votre boîte crânienne. Il ne vous reste que peu de temps, et ce dernier pourrait bien se révéler être une ressource trop précieuse pour que vous puissiez vous permettre d'en user à loisir. Dans l'aube rouge ils vous guettent, masqués par leurs ailes tordues repliées sur leurs corps meurtris. Leur cri est rauque, leur voix est de verre, et eux, ils sont pathétiques. Toutefois, gardez bien en ligne de mire qu'ils pourraient faire de vous le pâle reflet d'une enveloppe déjà bien creuse, tout juste bon à se regarder avec des yeux vitreux, le regard vide, laissant choir un mince filet de salive. Un fourmillement naît au creux de vos entrailles et ces insectes les plus ouvriers entameront sans tarder leur plus obscure entreprise dans l'architecture de votre organisme appauvri, où règne la putréfaction. Ça y est, vous êtes peut-être malade... Je vous avais bien dit de ne pas vous faire entendre.